Le soleil est déjà haut, ses rayons filtrent par les fenêtres à demi fermées et tombent sur ses yeux. Ses yeux sont rougis, le manque de sommeil sans doute, la nuit a été courte. Quelques flashs de la soirée, l’arrosage de la mort de la meute de loups de la Vieille Forêt, le concours de vidage de chopes de bière de Noirbosquet, encore une récompense, la plaisante rencontre de cette jolie elfe, celle, plus déplaisante, de son époux. Les réconciliations furent longues et arrosées, le retour fut difficile.
Toc, toc, toc.
Il a pris ce goût de la fête de son errance à travers les années, côtoyer ainsi les nains a attisé sa soif, fréquenter les hobbits lui a donné le goût de la bombance, connaître les hommes lui a appris l’humilité et l’injustice.
Toc, toc, toc.
Ces multiples rencontres ont fait de lui ce qu’il est, un vagabond, désireux de justice, aimant de son prochain, curieux de tout, fin cuisinier, excellent buveur. Il a rejoint cette confrérie pour partager avec eux ce sentiment de justice entre les peuples, ce désir de s’étendre et de jouir de sa propre vie.
Toc, toc, toc.
« Qu’est-ce que c’est ? », la voix mal assurée et rauque, l’herbe à pipe sans doute.
« Excusez-moi Messire, on m’envoie vous chercher pour une affaire de la plus haute importance. »
Bon sang, l’aubergiste. Maudit soit ce Poirdebeurré !!
« Qui me demande ?
- Ils sont plusieurs, pas très commodes. Des nains, des hobbits, des elfes, des hommes les accompagnent. Je ne connais pas leurs noms mais ils ont insisté.
- Grggbmglmgrlm … je descends dans quelques minutes, maintiens les à distance »
Vite une tenue, surtout tenir le bâton prêt, tant pis pour l’auberge. Mon corbeau croasse, une caresse sur les plumes, fidèle allié, et il vient se percher de toute sa noirceur sur mon épaule, l’œil rond, vigilant à tout mouvement, plus que je ne le suis.
Les marches sont raides, elles grincent, ce bruit est atroce. Le comptoir apparaît, si grand, qui m’a si souvent accueilli, voire porté. Le groupe dont m’a parlé l’aubergiste se révèle enfin, disparate en effet, quand une tête sort du lot et s’écrie :
« Aaah le voici enfin … On va pouvoir commencer à boire !!! »